Potosi. Apres un bon repas en amoureux dimanche soir, une nuit reposante, nous avons visite les couvents de Santa Teresa et San Francisco (pour le point de vue, tout en haut) dans la matinee de lundi.

Puis repas dans un resto au cadre un peu chicos mais a l'addition legere. L'apres-midi fut consacree a la visite guidee des mines d'argent. On nous fournit les bottes, la combinaison, le casque et la lampe de mineur. Auparavant nous avions fait quelques courses sur les bons conseils de l'agence et du Routard : sachets de feuilles de Coca, sodas sucrees et crayons de couleur rapportes de France (pour les enfants des travailleurs). Ainsi equipes, nous parcourons les boyaux tantot accroupis, tantot rampants. Content de pouvoir se redresser des que l'occasion se presente, le dos n'appreciant pas l'exercice. 

Nous suivons les rails des wagonnets, que nous croisons parfois, pousses et tires par les mineurs en sueur (deux devant, deux derriere), et charges de minerai. Le materiel est a l'agonie, le poids incroyable. Il fait chaud, de plus en plus chaud et humide lorsque l'on s'enfonce dans la terre. Parfois, nos bottes ecrasent la boue ou nous protegent des flaques d'eau. De longs cables parcourent les galeries : pression pour le marteau-piqueur ou tout simplement de l'air pour les endroits ou ce dernier se rarefie. Regulierement, nous donnons une bouteille de soda, de la Coca, des cigarettes aux mineurs rencontres. On nous presente El Tio : la divinite des mineurs. Elle ressemble a un diable, mais c'est un bienfaiteur, auquel des offrandes sont faites quotidiennement : alcool (96 degres !), cigarettes, feuilles de Coca...

Les conditions de travail sont epouvantables. Ils travaillent 6 jours sur 7, 8 heures par jour, dans une securite tres relative pour un salaire de misere. La Coca aide a supporter la souffrance, la boisson a rafraichir le gosier sec et si c'est de l'alcool, a donner du coeur a l'ouvrage (en bref, oublier la douleur et la fatigue). Lors de la detonation de dynamite, on ne fait pas les fiers dans la galerie. Cette roche volcanique est si dure, que l'explosif est utilise le plus souvent possible. Mais cela coute cher pour les mineurs par rapport a leur salaire. Quand on voit l'etat des etais egalement. Souvent brises, comme eclates par le poids de la montagne, rafistoles avec les moyens du bord. Apres avoir passe plus de deux heures dans les entrailles de la montagne, nous ressortons a l'air libre. Retour a la ville apres s'etre changes, debarasses de notre equipement.